L’IP s’inscrit dans le modèle de la salutogenèse. Elle promeut ainsi les ressources et les capacités d’agir des personnes concernées, tend à diminuer les facteurs de risques et à renforcer un environnement favorable à la santé.
Dans sa visée, elle tient également compte des déterminants de la santé qui sont un ensemble de facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux. Celui-ci est fondamental, car il détermine l’espérance de vie en bonne santé des individus et des populations.
La salutogenèse peut être expliquée par la métaphore d’Aaron Antonovsky, sociologue qui a développé ce concept. Notre vie serait un fleuve dangereux dans lequel nous nageons.
Le but n’est alors pas d’empêcher les personnes d’y nager, mais d’en identifier les zones dangereuses et d’améliorer les capacités des nageurs et nageuses, en vue d’augmenter leur sécurité.
- Exemples d’application
- Enjeux
Les projets visant à renforcer les compétences psychosociales des jeunes en milieu scolaire, par exemple In Media, permettent de renforcer leur estime de soi et leur confiance dans une capacité d’agir.
Les projets intergénérationnels permettant de valoriser les ressources des personnes concernées offrent la possibilité de transmettre des compétences individuelles à d’autres membres de la collectivité, comme le fait le Réseau Seniors Vernier à Genève
La démarche IP consiste à diminuer l’avènement des situations de vulnérabilité, par le renforcement des facteurs de protection en aidant les personnes à identifier et à mobiliser leurs ressources.
Au niveau individuel
- Identifier les problèmes liés aux consommations en cherchant à améliorer les capacités des acteurs et actrices dans la gestion de leurs consommations.
- Apprendre à repérer, mobiliser et renforcer les ressources individuelles.
Au niveau collectif
- Investir dans des conditions-cadres favorables à la santé pour l’ensemble des êtres humains
- Intégrer les personnes dans les processus de changements pour qu’elles disposent de plus d’espaces d’aménagement, de décision et de ressources de résistance
Pour y parvenir, il est important de connaître et de respecter les milieux de vie des groupes concernés, d’intégrer ces derniers dans le processus de changement (participation) et de promouvoir et développer ainsi leurs ressources, comme la capacité d’agir (empowerment).
La société addictogène est une notion proposée par Jean-Pierre Couteron qui décrit les traits dominants de notre contexte culturel actuel :
- Perte du lien social, en lien avec la modification des appartenances et l’hyper-individualisme qui en résulte
- Augmentation de facteurs de vulnérabilité telle que la précarité et la pauvreté
- Appétence majeure pour l’intensité et l’instantanéité, en lien avec les nouvelles technologies et l’hyperconsommation
- Recherche de performance et de dépassement de soi, en lien avec pharmaco-assistance et dopage
- Conséquences
- Exemples d’application
- Enjeux
Les conséquences sont la promotion d’une culture de l’excès et de l’accélération, qui se traduit par plusieurs phénomènes.
Dans l’enfance, puis à l’adolescence, les individus sont habitués dans leur expérience à recevoir des stimulations instantanées et intenses similaires à celles qu’apportent les substances psychoactives.
C’est pourquoi il y a une apparition de banalisation addictive et une généralisation de la perte de contrôle de soi. En somme, c’est une société qui produirait de la perte de contrôle de soi.
- La notion de société addictogène permet de caractériser le contexte culturel et socio-économique dans lequel l’IP prend place (voir DSS).
- Du moment qu’on accepte les consommations comme intrinsèques à ce type de société, les actions doivent être orientées vers le renforcement des compétences psychosociales des jeunes (avec des outils visant à renforcer l’estime de soi). C’est l’objectif visé, par exemple, par le projet #MoiCMoi mené par la Fondation 02.
- Il existe également des projets visant au renforcement des compétences parentales, comme le propose Addiction Suisse à travers ses lettres aux parents.
- Dans une société addictogène, la rencontre entre un produit (ou comportement) et une personne est jugée inévitable, il ne s’agit donc plus d’ empêcher cette rencontre que de s’y préparer. Pour cela, il faut fournir à la personne les compétences génériques qui lui permettront de maîtriser son rapport à n’importe quel produit ou comportement (savoir-être, estime de soi, etc.)
- Dans le cadre de l’IP, il s’agit de repérer au plus tôt les usages à risques afin de renforcer les facteurs de protections individuelles et collectives en amont, avant que le plaisir de consommer ne se transforme en consommations problématiques.
Le modèle biopsychosocial, proposé par le psychiatre Claude Olivenstein dans les années 70, permet d’appréhender la complexité de l’addiction, en tenant compte de trois dimensions également constitutives de l’expérience addictive. Celle-ci est comprise comme la relation entre :
• Un produit ou un comportement
• Un·e individu·e
• Un contexte
Ce modèle est utile pour repérer des éléments de compréhension concernant l’addiction.
Il faut ainsi prendre en compte l’interaction des trois pôles entre eux, ce qui donne lieu à des approches théoriques particulières, correspondant à des disciplines d’intervention spécifiques.
Ainsi, selon Alain Morel, psychiatre, l’addiction avec ou sans substance peut être considérée comme une stratégie adaptative d’une personne au sein d’un contexte particulier.
Son comportement participe à un équilibre d’un mode de vie et qui joue parfois un rôle de solution pour apaiser un vécu de stress.
- Un exemple d’usage du modèle
L’IP comprend plusieurs périodes qui impliquent divers types d’actions immédiates selon l’urgence. Dans le même temps, ces actions sont menées dans des territoires différents où la communauté et les professionnel·le·s peuvent avoir un rôle essentiel. L’idée fondamentale est de toujours considérer l’IP comme une démarche globale
- Trois périodes
- Trois territoires
Court terme : renforcer les ressources et diminuer les risques auprès des personnes qui en ont besoin, ici et maintenant.
Moyen terme : renforcer les interfaces et les espaces de contact non-jugeant, entre professionnel·le·s et communauté.
Long terme : tenir compte des inégalités de santé pour prioriser les actions, prévenir les maltraitances et lutter contre les stigmatisations.
Le territoire de l’IP montre les différents champs d’action possible pour cette démarche.
Ceux-ci situent chaque individu d’un espace particulier en fonction de la carte des déterminants sociaux de la santé (DSS). Ils contiennent des dimensions structurelles pour garantir un bon état de santé à la population et leur proposer des ressources.
Le « milieu de vie » est l’un des espaces de la carte des DSS. Il est possible de soutenir directement des personnes en situation de vulnérabilité. Ce sont des lieux d’interactions sociales quotidiennes qui peuvent empêcher, réduire ou favoriser la capacité d’agir des individus.