Le terme politique des addictions regroupe toutes les politiques publiques, en matière d’addiction, mise en place par la Confédération, les cantons et les communes.
La politique des addictions est une problématique transversale qui se décline au travers de nombreux domaines. Pour qu’elle soit cohérente et efficace, elle doit impérativement prendre en compte les différents aspects qui forment la société (travail, éducation, famille, sécurité, logement, urbanisme, politique sociale, etc.).
Dans ce contexte, il est nécessaire de reconnaître que l’État ne peut pas maîtriser entièrement l’ensemble de ces éléments. Il faut donc que les politiques des addictions soient centrées davantage sur la réduction des risques, la prévention et le soutien aux personnes touchées (usagers et proches), que sur la seule volonté de supprimer la consommation.
- Promotion de la santé
- Prévention
- Réduction des risques
La promotion de la santé fait partie d’un des quatre piliers de la politique suisse en matière de drogues. La promotion de la santé englobe deux aspects centraux. D’une part, ce sont des mesures de promotion générale de la santé.
L’objectif est de renforcer les ressources sanitaires de chaque individu pour prévenir notamment les problèmes d’addiction. D’autre part, ce sont des mesures de prévention comportementale et structurelle qui considèrent le comportement de santé à partir de deux axes :
- dans sa globalité
- spécifiquement sur l’addiction.
Le but est ainsi de prévenir, dans toute la mesure du possible, l’apparition de comportements à risque. Dans cette perspective, le repérage précoce consiste à percevoir au plus tôt les signes précurseurs de problèmes de santé, de problèmes sociaux ou d’addictions.
La prévention qui s’attache aux groupes cibles s’articule selon trois niveaux. Ainsi, la prévention universelle s’adresse à toute la population ou des segments de celles-ci comme les adolescent·e·s ou les personnes actives. La prévention sélective, comme son l’intitulé l’indique, se focalise sur un groupe en situation de risques définis. En général, elle concerne des personnes qui sont en bonne santé, mais une probabilité de développer un comportement problématique. Enfin, la prévention indiquée s’attache aux personnes ayant des comportements à risques manifestes. Toutefois, leur situation ne répond pas (ou pas encore) aux critères de diagnostic d’une addiction. Par exemple, des jeunes qui consomment de manière excessive de l’alcool le weekend.
Il faut noter que la frontière entre ces trois types de prévention n’est pas imperméable. Ainsi, elles s’articulent entre elles, s’imbriquent et parfois se complètent.
Il existe également une distinction entre, d’une part, de la prévention centrée sur les personnes, d’autre part, de la prévention structurelle. La première cherche à changer le comportement de certaines personnes ou de groupes particuliers. La seconde s’emploie à modifier des conditions-cadres.
La réduction des risques est un des 4 piliers de la Stratégie nationale Addictions. Elle contribue à minimiser les effets négatifs des comportements addictifs sur les usagères et les usagers et la société. Son objectif est de réduire le risque de contracter une maladie infectieuse, de maintenir un état de santé stable et d’améliorer l’intégration des personnes. Pour la société, il s’agit de réduire les coûts sociaux ainsi que d’accroître la sécurité publique.
Dans cette perspective, elle nécessite une posture éthique fondamentale, car il s’agit d’accepter la personne là où elle se trouve, dans sa complexité et ses enjeux qui lui sont propres. Elle se fonde d’ailleurs notamment sur les principes juridiques des Droits Humains, ou chacun est libre d’exercer sa liberté, pour autant qu’elle n’entrave pas celle des autres. Elle réfère notamment au droit à la liberté personnelle et à la vie, consacrées par l’article 10 de notre Constitution et par les articles 2 et 3 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH).
Elle s’intéresse donc aux problèmes concrets de la consommation et de la prohibition, sans exiger à priori un changement de comportement, parfois inaccessible. Elle reconnait ainsi les usagères et usagers de drogues comme des citoyen·ne·s comme les autres, capables de discernement et susceptibles d’être des acteurs actifs dans la résolution de problèmes complexes. C’est pourquoi la RdR ne peut se concevoir sans une participation des usagères et des usagers, qui doivent prendre une part importante à tout développement dans ce domaine. Ce n’est que par la compréhension de la perspective de tous les acteurs que des solutions efficaces peuvent être trouvées.