« L’intersectionnalité » est un concept qui permet d’analyser des situations de vulnérabilité, provenant d’entrelacements d’inégalités sociales. Celles-ci se constituent par le biais de la classe, du niveau d’éducation formelle, des capacités physiques et intellectuelles (une situation de handicap), de la « race »/ethnicité (ex. couleur de peau), de l’origine ou de l’appartenance géographique, culturelle ou religieuse, de l’identité ou de l’expression de genre, de l’orientation affective et/ou sexuelle et de la sexualité.

Il existe ainsi des causes multiples de stigmatisation qui peuvent interagir entre elles. Il ne s’agit pas d’un effet de cumulation. En effet, une personne peut être stigmatisée en raison d’un ou plusieurs facteurs individuellement. Elle peut également l’être parce qu’elle se retrouve à leurs intersections.

Ce concept permet de mieux comprendre les relations de pouvoir qui produisent des inégalités et des discriminations dans une société. Celles-ci se renforcent à travers un système de représentations normatives d’une société donnée. Dans les politiques sociales, cela se traduit par l’« invisibilisation » et la non-prise en compte de personnes concernées par plusieurs facteurs, selon leurs caractéristiques propres.

Pour chaque situation concrète, individuelle ou collective, il est donc pertinent d’appréhender les facteurs individuellement et dynamiquement les uns par rapport aux autres. Cela permet de prendre en considération leur incidence ainsi que les situations spécifiques liées à leur coexistence.

L’exemple du Chemsex montre qu’une personne peut être stigmatisée par sa consommation de substances ou par son comportement sexuel. Elle peut aussi l’être spécifiquement pour avoir des rapports sexuels volontairement sous l’effet de substances. En outre, il peut s’ajouter l’enjeu de l’orientation sexuelle, le Chemsex étant particulièrement présent dans la sexualité entre hommes.

« L’intersectionnalité » permet en effet de prendre en compte plusieurs éléments potentiellement stigmatisants, par une approche adéquate sur chacun et leurs intersections. En ce sens, elle contribue à un autre regard sur l’équilibre entre les facteurs de risques et les facteurs de ressources de chaque personne concernée.

Exemple(s) d’application en matière d’IP

De manière générale, une approche intersectionnelle implique une réflexivité constante et la recherche d’une attention équitable et effective aux personnes, par la prise en compte du spécifique dans l’universel.

  • Développer et renforcer le capital social des personnes concernées et de leur entourage en prenant en compte les spécificités intersectionnelles.
  • Affiner l’intervention au niveau de la logique communautaire, en prenant en compte les sous-groupes intersectionnels.
  • Favoriser une approche intersectionnelle plutôt que de se concentrer sur un seul facteur (ex. le genre) défini de manière normative et donc invisibilisant les situations spécifiques intersectionnelles.
  • Prendre en compte l’effet de l’entremêlement de différents facteurs de vulnérabilité et de ressources parfois spécifiques.
  • Apporter une réponse adéquate en lien avec les sentiments d’appartenance multiples et/ou intersectionnels de la personne concernée.
  • Diffuser des informations générales et spécifiques accessibles à différents membres d’un même groupe.

Enjeux dans le cadre de l’Intervention Précoce

  • Éviter de cibler une action uniquement à partir d’un facteur commun à un groupe de personne (ex. le statut socio-économique) supposé homogène, mais prendre en compte d’autres dimensions susceptibles d’interagir (âge, appartenance religieuse, orientation sexuelle et/ou d’identité de genre, etc.)
  • « L’intersectionnalité » ne correspond pas à un cumul de facteurs discriminatoires, mais à l’apparition de situations singulières nées de l’intersection de plusieurs facteurs.
  • Penser une situation de vulnérabilité à partir de différents facteurs, sans essentialisation du phénomène ou généralisation abusive.
  • L’articulation de différentes variables implique une approche dynamique d’une situation de vulnérabilité.
  • Saisir que « l’intersectionnalité » correspond à la mise en lumière d’une situation de vulnérabilité « invisible », quelque qu’elle soit, des politiques sociales.

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